Depuis mardi, la Coordination Rurale des Pyrénées-Orientales empêche les poids lourds étrangers de passer le péage du Boulou, avec des répercussions sur la livraison de denrées étrangères. Philippe Maydat, président de la CR66, présent sur place, a répondu aux questions de Pyrénées FM mercredi matin, avant d’annoncer la fin du blocage.
Faute de relais pour les aider à maintenir le blocage des camions, les agriculteurs du syndicat Coordination Rurale 66 ont levé mercredi 20 novembre le blocage qu’ils tenaient depuis la veille au Boulou (Pyrénées-Orientales).
Alors qu’il exprimait la fatigue et les difficultés rencontrées par les agriculteurs restés cette nuit, Philippe Maydat, le Président de la Coordination Rurale 66 a finalement indiqué en fin de matinée que le blocage partiel du péage dans le sens Espagne – France serait levé en début d’après-midi. La circulation a repris peu avant 13 heures. Pyrénées FM vous propose de réécouter l’interview réalisée quelques heures avant.
Philippe Maydat dans la matinale de Pyrénées FM
Pyrénées FM : Quel est l’objectif de cette action qui vise à bloquer les poids lourds (et à contrôler leur marchandise), et à laisser passer les véhicules légers ?
Philippe Maydat, Président de la Coordination Rurale 66 : Nous n’avons pas fait de contrôles, il y a eu un commando qui s’est échappé et qui a trouvé deux camions de vins espagnols en direction de la France. Je ne dirais pas où allait ce vin pour ne pas porter préjudice aux producteurs, mais on est sur des vins avec un prix d’achat à 30 centimes le litre. Au vu du prix, ils ont eu raison d’ouvrir les vannes de ces camions, mais je précise que c’était un imprévu en marge de l’opération.
Les agriculteurs poursuivent leurs actions au péage du Boulou en vidant des camions citernes remplis de vin espagnol.
— Casper (@zairker) November 19, 2024
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Que souhaitez-vous obtenir avec ce filtrage du péage de Boulou ?
Nous voulons retrouver dans les centrales d’achat des supermarchés et au sein des supermarchés un certain nombre de produits, pour montrer que si nous n’avons pas une souveraineté alimentaire, nous sommes obligés d’importer une agriculture que nous ne voulons pas.
La frontière espagnole bloquée par la #coordinationrurale . Non au #mercosur oui au contrôles sur les importations déloyales et non conformes. Coordination Rurale : le #voteutile pic.twitter.com/j0wKJvihMO
— Coordination Rurale (@coordinationrur) November 20, 2024
Les autres syndicats comme la FNSEA ou les Jeunes Agriculteurs ont entamé des actions lundi. Elles sont ciblées sur l’accord de libre-échange entre l’Europe et le Mercosur, est-ce que cela fait partie de vos revendications ?
Alors oui bien sûr, même si le Mercosur n’est qu’une strate de plus, ce n’est pas notre objectif principal. Maintenant, effectivement le syndicat majoritaire en a fait son objectif, mais je crois savoir que le groupe Avril a déjà commencé ses investissements en Amérique du Sud (Arnaud Rousseau a confirmé cette semaine sur France 5 que le Groupe Avril dont il dirige le conseil d’administration investit au Brésil, et la CR lui reproche de privilégier les intérêts de la multinationale, ndlr.), donc c’est assez incompréhensible. Pour nous, c’est un élément supplémentaire, sachant que tous les accords de libre-échange se font à nos dépends.
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Qu’est-ce qui vous a décidé à réaliser ces actions ? Les différentes visites de la Ministre de l’agriculture, Annie Genevard ?
Ce n’est pas le seul élément. Nous avions commencé des actions similaires il y a un an. Nous avions eu l’impression d’avoir été compris. Donc nous attendions qu’ils mettent en place nos revendications (sur le gasoil non routier, la simplification administrative…) mais en un an on n’a rien obtenu. Je pense qu’on s’est montrés très patients, maintenant nous recommençons les actions. Et ce n’est que le départ.
C’est quoi la suite ? Envisagez-vous de vous unir avec la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, les syndicats majoritaires ?
Tout le monde est le bienvenu pour nous aider et nous relayer, y compris les non-syndiqués. Ils seront traités de la même manière que nous. Nous lançons un appel pour pouvoir faire une relève. Je ne vous cache pas que j’ai passé une nuit en extérieur sur un barrage du Boulot, c’est assez pénible. J’ai la chance d’avoir pu dormir une heure, mais maintenant nous attendons du monde.
Quelle annonce pourrait vous faire quitter le péage ?
Tout d’abord que l’Europe refuse de ratifier le Mercosur, mais on sait que la France n’a pas de libre choix sur ce sujet (l’Hexagone dépend des autres pays de l’Union Européenne et tente d’empêcher la signature de cet accord). Nous attendons surtout du concret. Une des mesures qui lèverait le barrage instantanément, c’est la suppression de l’impôt foncier sur les terrains non-bâtis.