Après quatre semaines d’audience et quatre années d’enquête, la cour d’assises du Tarn a rendu son verdict, ce vendredi 17 octobre 2025 : Cédric Jubillar, 37 ans, a été reconnu coupable du meurtre de son épouse Delphine et condamné à 30 ans de réclusion criminelle. La décision a été prise à la majorité de sept voix sur neuf.
Un verdict conforme aux réquisitions
Cette peine reprend à l’identique les réquisitions de l’avocat général Pierre Aurignac, qui avait demandé mercredi une condamnation “à la hauteur de la gravité des faits et du silence de l’accusé”.
Lors de son réquisitoire, il avait lancé à Cédric Jubillar :
“Le crime parfait attendra. Le crime parfait, ce n’est pas celui sans cadavre, mais celui pour lequel on n’est pas condamné. Et vous, M. Jubillar, vous allez être condamné.”
Le ministère public avait également demandé des peines complémentaires : interdiction de port d’arme pendant 15 ans, privation des droits civiques et civils pendant 10 ans.
Une condamnation sans corps, un dossier sans aveu
Delphine Jubillar, infirmière et mère de deux enfants, a disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines. Son corps n’a jamais été retrouvé, et Cédric Jubillar a toujours nié toute implication.
À la barre, il a répété : “Je n’ai absolument rien fait à Delphine.”
Malgré l’absence de preuves directes — ni arme, ni scène de crime, ni aveux —, la cour a estimé que le faisceau d’indices était suffisant pour établir la culpabilité de l’accusé : des cris entendus par des voisins, des incohérences dans ses déclarations, et des éléments matériels comme les lunettes cassées de Delphine retrouvées dans la maison. “Tous les indices ramènent à la maison familiale”, avait résumé le chef d’enquête Bernard Lorvellec lors de son audition.
« Il y a peut être une prime à la sanction »
À l’annonce du verdict, Maître Laurent Boguet, avocat des enfants Louis et Elyah, a exprimé un soulagement mêlé d’amertume :
« Dans cette sanction, il y a peut être aussi dans l’attitude de dénégation teintée de désinvolture et d’arrogance , une prime à la sanction, parce que la justice a pu considérer qu’il n’avait pas été collaboratif »
« On sait que c’est le début d’un chemin qui est long »
Les parties civiles ont salué “une décision à la hauteur du drame”, tout en rappelant que les enfants “vont devoir se reconstruire”. : « Le verdict est très attendu par Louis, explique maitre Malika Chmani, alors on n’est pas content parce que papa va en prison, on est content pvrcequ’il y a une décision judiciaire, c’est une évolution, on sait que c’est le début d’un chemin qui est long, celui de la reconstruction »
Pour Me Mourad Battikh, le procès de Cédric jubillar : « c’est la vérité qui a gagné sur le mensonge, aujourd’hui c’est le soulagement pour les parties civiles parce que la pression est retombée, cette vérité est importante »,
La défense dénonce “un verdict du doute”
À l’inverse, les avocats de Cédric Jubillar ont dénoncé une condamnation sans preuve et annoncé leur intention de faire appel.
« Nous sommes déçus. C’est une peine extrêmement lourde. Je ne sais pas sur quoi ils se sont basés, parce que je n’ai pas encore lu la feuille de motivation, mais ils n’ont pu se baser que sur des indices qui ne sont pas concordants. Des indices contestables et peut- être ont ils été aussi emportés par l’émotion de certains témoins» , Me Martin.
Me Alexandre Martin, avocat de Cédric Jubillar, a sollicité la levée de la mesure d’isolement imposée à son client, estimant qu’« il n’existe plus aucune justification à ce qu’il soit maintenu dans une telle situation ».
Selon lui, cet isolement « s’apparente à une forme de torture » et doit cesser sans délai. Il a dénoncé des conditions de détention extrêmement dures : « Imaginez-vous enfermé entre quatre murs, dans neuf mètres carrés, sans échanger un mot avec qui que ce soit, jour et nuit. »
La question de l’autorité parentale et des intérêts civils a été mise en délibéré et la décision sera rendue le 1er décembre prochain. Me Chmani, avocate de l’administration ad hoc chargée des intérêts des enfants, avait demandé le retrait complet de l’autorité parentale.
La Défense désormais plaider à nouveau devant la cour d’assises d’appel, probablement en 2026, pour tenter d’obtenir l’acquittement de leur client.