Ariège : les éleveurs lèvent le blocage, mais lancent une opération coup de poing devant la préfecture

Rédigé le 22/12/2025
Stephanie Leborne

Après dix jours de blocage de la RN20, les éleveurs ariégeois ont levé leur mobilisation à Tarascon-sur-Ariège ce dimanche 21 décembre. Avant de quitter les lieux, ils ont mené une action symbolique devant la préfecture de Foix.

Après dix jours de blocage de la RN20 et deux jours de mobilisation aux Bordes-sur-Arize, les éleveuses et éleveurs mobilisés au rond-point de Sabart, à Tarascon-sur-Ariège, ont annoncé ce dimanche 21 décembre la levée du blocage.
Une décision motivée par l’impact économique local, mais qui ne signe en rien la fin du mouvement. La mobilisation s’est conclue par une action coup de poing devant la préfecture de l’Ariège, à Foix.

« On fait mal à l’économie locale, ce n’est pas le but »

En fin de journée, l’ambiance était lourde au rond-point de Sabart. Après dix jours passés sur l’axe stratégique de la RN20, les manifestants ont décidé de lever le camp.

Sur le rond point de Tarascon photo SL

« Nous avons été énormément soutenus. Les gens nous ont beaucoup apporté, je les remercie, explique Sébastien Durand, président de la Coordination rurale de l’Ariège. Mais aujourd’hui, il faut lever le camp, parce qu’on fait mal à l’économie locale, et ce n’est pas le but. La réunion de l’équipe scientifique a lieu ce lundi, donc il faut maintenant laisser les commerces travailler. »

Des revendications toujours intactes

Malgré la levée du blocage, les revendications restent inchangées :

  • l’arrêt de l’abattage total des troupeaux sur l’ensemble du territoire,
  • la mise en place d’un protocole sanitaire alternatif, inspiré des propositions formulées la semaine précédente.
Photo SL

L’élargissement des zones vaccinales et l’accélération de la vaccination en Ariège sont considérés comme des avancées, mais jugées largement insuffisantes par les organisations agricoles.

Action symbolique devant la préfecture de l’Ariège

Pour conclure près de quinze jours de mobilisation, une délégation d’éleveurs s’est rendue à Foix. Environ trente tracteurs et camions-benne ont déversé paille et gravats devant la préfecture, dans une action volontairement symbolique.

« On a tenu à dire un dernier au revoir à monsieur le préfet, représentant de l’État, en réponse à la façon dont nous avons été traités aux Bordes-sur-Arize, explique un manifestant. Nous avons aussi une pensée pour la famille Vergé, qui ne peut pas pailler ses vaches aujourd’hui. Alors on est venus montrer à quoi ressemble un paillage de bovins à la préfecture. »

« Pas de trêve de Noël pour nous »

Photo SL

Pour Sébastien Durand, la mobilisation est loin d’être terminée.
Objectifs affichés : mettre fin à l’abattage total et s’opposer aux accords du Mercosur.

« S’il y a un autre cas de DNC en Ariège, nous aurons la même détermination. Que ce soit Noël ou le jour de l’an, il n’y a pas de trêve pour nous. De nouvelles actions seront menées », prévient-il.

Les aides financières ne suffisent pas

Les annonces gouvernementales sur l’étude d’un protocole alternatif et la création d’un comité scientifique sont jugées tardives. Les syndicats agricoles dénoncent des décisions dictées par des considérations « politiques et commerciales » plutôt que sanitaires.

Quant au fonds de soutien de 11 millions d’euros, s’il est jugé nécessaire, il ne mettra pas fin au mouvement.
« Ces aides n’achèteront ni le silence ni l’arrêt de la mobilisation », préviennent les organisations, qui réclament une gestion collective, équitable et solidaire.

Les éleveurs rappellent enfin que d’autres mobilisations se poursuivent partout en France, estimant ces actions indispensables pour construire une stratégie sanitaire durable et protéger les exploitations agricoles.