Fièvre catarrhale ovine en Ariège : 154 foyers recensés, « un nombre qui évolue tous les jours »


Après la maladie hémorragique épizootique (MHE), c’est au tour de la fièvre catarrhale ovine (FCO), également appelée maladie de la langue bleue ou en anglais « blue tongue » (BT), de sévir sur le territoire. En effet, plusieurs départements impactés par cette fièvre ovine ont été recensés sur l’ensemble du pays, dont les Pyrénées-Orientales, l’Aude ou encore l’Ariège qui compte 154 foyers de contamination depuis le 1er août dernier.

« La situation évolue tous les jours, le nombre augmente constamment en ariège »

Déjà lourdement éprouvés par la maladie hémorragique épizootique (MHE) – qui selon les chiffres arrêtés en mars dernier indiquaient que 750 élevages ariégeois étaient impactés et 275 foyers infectés – les éleveurs ariégeois subissent une fois encore, et de plein fouet, un désastre sanitaire qui s’attaque majoritairement aux ovins, comme l’explique Philippe Lacube, le président de la chambre d’agriculture de l’Ariège.

« La situation évolue tous les jours, le nombre augmente constamment, on est à deux tiers d’élevages ovins et un tier d’élevages bovins(…). Ce virus est venu des Pyrénées Orientales, il arrive par l’Est, c’est-à-dire par le Pays d’Olmes et la haute-Ariège qui sont les premiers secteurs du département à avoir été impactés, souligne Philippe Lacube, ensuite il balaie d’Est en Ouest, c’est à l’inverse de la MHE(1), mais comme elle, c’est un virus qui est véhiculé par des moucherons, dits des culicoïdes, et il faut qu’il y ait une piqure pour que la maladie soit véhiculée, elle ne se transmet pas par contact ».

Si les virus MHE et FCO sont très proches, Il existe selon l’ANSES (2), 36 types différents de ce virus, appelés sérotypes, et dont le pouvoir pathogène du virus varie considérablement d’une souche à l’autre. Parmi les symptômes, les éleveurs constatent « Des glaires, une langue qui devient bleue, ou encore des signes de boitement, c’est une grosse mortalité chez les brebis », précise le président de la chambre d’agriculture Philippe Lacube, « Surtout chez les éleveurs sédentaires, c’est à dire non transhumant, ce sont eux les plus impactés, ils connaissent un niveau de mortalité assez important, qui peut aller jusqu’a 40% du troupeau, c’est énorme, les estives sont moins touchées, celles qui sont touchées sont plutôt les estives de moyenne montagne, type le Mont Fourcat, qui sont des estives chaudes de moyenne montagne, les estives de haute montagne sont aujourd’hui un peu moins touchées que les estives de moyenne montagne ».

La seule réponse actuellement consiste à vacciner les cheptels : »On conseille aux gens qui transhument de vacciner dès qu’ils le peuvent, de cette manière, lorsqu’ils redescendront de la montagne, l’immunité sera là, et ils seront moins touchés que les éleveurs qui sont en pleine maladie ».

Une démarche territoriale « pour une l’indemnisation des bêtes mortes »

@photo SL – Philippe Lacube, Président de la chambre d’agriculture de l’Ariège

Face à cette situation qui met à mal les éleveurs, et qui vient s’ajouter à de nombreuses crises, la chambre d’agriculture de l’ariège a décidé de monter au créneau. « Je suis en train de générer une démarche territoriale entre les départements de l’Ariège, de l’Aude et des Pyrénées Orientales, et je vais aussi voir avec la haute-garonne, pour faire remonter au ministère de l’agriculture, une nécessaire indemnisation des bêtes mortes, déclare Philippe Lacube, une initiative que je voudrais porter avec les syndicats, les chambres d’agricultures, les conseils départementaux pour que tout le monde doit au diapason(…). Nos réseaux nationaux, c’est à dire la chambre d’agriculture France, la FNSEA, les Jeunes agriculteurs, la fédération naitional ovine ont demandé ça hier, et nous allons également faire la démarche au niveau local, pour porter cette demande ».

FCO, MHE, quand le sors s’acharne sur les cheptels

Les premiers foyers de maladie hémorragique épizootique (MHE) ont été déclarés en France en septembre 2023 dans des élevages de bovins du sud-ouest. Cette maladie infectieuse due à un virus est transmise exclusivement par des moucherons du genre Culicoïdes, les mêmes que ceux de la fièvre catarrhale ovine (FCO). La détection de foyers de MHE entraîne des mesures de lutte et de prévention spécifiques dans un rayon de 150 km autour des foyers. Cette zone réglementée est visualisable ci-dessous (carte). La liste des communes qui y sont intégrées est également téléchargeable.

À la date du 1er août 2024, 4 350 foyers de maladie hémorragique épizootique (MHE) ont été recensés en France dans des élevages. Ces foyers concernent les 20 départements suivants : Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Gers, Landes, Ariège, Aude, Tarn, Lot-et-Garonne, Gironde, Tarn-et-Garonne, Dordogne, Corrèze, Vendée, Deux-Sèvres, Loire-Atlantique, Lot, Haute-Vienne, Morbihan et Pyrénées-Orientales.

Une étude est engagée dans des élevages infectés pour consolider les données de mortalité et de morbidité. Les soins mis en œuvre permettent dans la quasi-totalité des cas une guérison des animaux malades en quelques jours.

(1)maladie hémorragique épizootique – (2)agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. 

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Par Stephanie Leborne, le 08/08/2024.