La colère agricole a explosé ce jeudi 4 décembre à Foix. Près d’une centaine d’éleveurs, répondant à l’appel de la Coordination rurale et relayé par la Confédération paysanne ont manifesté devant la préfecture de l’Ariège. Ils ont déversé plus de 800 tonnes de fumier et de gravats pour dénoncer ce qu’ils qualifient « de manque de considération de l’État ».
L’abattage de 82 vaches saines comme déclencheur
Selon Sébastien Durand, responsable de la Coordination rurale de l’Ariège, « c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». En cause : l’abattage de 82 vaches pourtant vaccinées, dans le Doubs, après une suspicion de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) sur une bête.
L’opération a eu lieu alors même qu’un référé déposé par deux syndicats agricoles était en cours d’examen devant le tribunal de Besançon.
« Pour la première fois depuis le début de la crise, la police est intervenue pour permettre un abattage total du troupeau en pleine audience », déplore Sébastien Durand, dénonçant une décision « incompréhensible » du tribunal, qui s’est déclaré incompétent.
« L’État ne nous respecte plus »
À partir de 22 h, une cinquantaine d’engins agricoles ont défilé dans le centre-ville avant de se rassembler devant la préfecture. Les producteurs affirment vouloir alerter sur une situation devenue, selon eux, intenable.
« On est au bord du gouffre. On travaille 80 heures par semaine pour s’en sortir, et l’État ne nous respecte plus », fulmine le représentant syndical.
Une indemnisation contestée
Les éleveurs protestent également contre les nouvelles modalités d’accès à l’aide destinée aux exploitations touchées par les zones réglementées liées à la DNC.
Ces zones limitent fortement la circulation des troupeaux : les vaches ayant pâturé en zone DNC ne peuvent plus regagner une exploitation située en zone indemne.
L’État avait prévu une indemnité de 2 € par animal et par jour, mais un nouveau critère bloque tout : la nécessité de présenter un contrat de mise en pension.
Or ces animaux étant sur des terrains appartenant déjà aux agriculteurs, aucun document de ce type n’existe, dénoncent-ils.
Rencontre avec le préfet
Les agriculteurs ont continué à déverser du fumier autour du bâtiment pendant plusieurs heures. Le nouveau préfet de l’Ariège, Hervé Brabant, devait recevoir les syndicats dans la soirée pour tenter d’apaiser la situation.


