Klaxons retentissants, fourches de tracteurs levées, camions-bennes chargés… Dans la nuit de jeudi à vendredi, la ville de Foix s’est transformée en point de rassemblement pour les bonnets et drapeaux jaunes. Une centaine d’agriculteurs et une cinquantaine d’engins se sont réunis devant la préfecture de l’Ariège pour manifester leur colère face au protocole lié à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
« La zone surveillée est arrivée chez moi il y a un mois et demi. Mon troupeau est vacciné, mais il est en quelque sorte séquestré : pas de mouvements, pas d’export, pas de vente… c’est très compliqué », explique Kevin Audouy, éleveur à l’Esparrou.
Action devant la préfecture : le préfet à la rencontre des agriculteurs
En réponse à l’appel de la Coordination rurale et soutenus par la Confédération paysanne, les éleveurs ont déversé plusieurs centaines de tonnes de fumier et de gravats devant la préfecture. Une action symbolique, mais accueillie avec une certaine compréhension par le préfet de l’Ariège, Hervé Brabant.
Sous la pluie, aux alentours de minuit et demi, il est allé à la rencontre des manifestants, accompagné de Jean-Philippe Dargent, sous-préfet.
« Quand je vous entends dire « il ne faut pas nous laisser crever », je peux vous assurer que l’État n’est pas là pour laisser crever ses agriculteurs. Nous sommes pleinement sensibilisés à cette problématique », a-t-il affirmé.
« La reconstruction prendra des années »
Au milieu d’une foule marquée par la fatigue, le préfet a écouté les témoignages des éleveurs.
« Oui, c’est un drame. Pour ceux qui vivent l’abattage de leurs troupeaux, c’est une perte personnelle et familiale. La reconstruction prendra des années », a-t-il déclaré.
Il a également reconnu les difficultés économiques engendrées par la zone réglementée : « Certains sont à sec. Je travaille sur chaque situation, exploitation par exploitation. Nous ferons tout notre possible pour aider ceux qui sont en grande difficulté. »
« Ils font face à une crise grave »
Pendant près d’une heure, les échanges ont été intenses. Hervé Brabant n’a pas esquivé les questions délicates et a insisté sur l’accompagnement des exploitations: « Ils font face à une crise grave et c’est normal que je sois à leurs côtés. Le gouvernement est solidaire. Certaines mesures prendront du temps à être mises en place, mais d’autres pourront être traitées rapidement. »
Le préfet a également souligné l’importance d’une approche locale et personnalisée : « Il est essentiel d’identifier toutes les exploitations, de contacter les éleveurs et d’examiner les solutions au cas par cas. N’hésitez jamais à signaler vos difficultés. »


